Le jour où un drone a changé l'histoire de l’Everest

Pendant que certains gravissent des montagnes, d’autres les survolent.

Alex

10/5/20245 min lesen

Le 14 septembre 2024, le documentaire "Kaizen" du jeune Youtubeur Inoxtag fait vibrer l’espace médiatique. Sur près de 2h30, ce film captivant, mature et remarquablement bien produit, suit l’influenceur dans sa préparation pour gravir le mont Everest, un défi pour lequel il se laisse seulement un an de préparation. Au fil de séquences palpitantes et immersives, des moments de complicité avec ses amis, le spectateur est embarqué dans une aventure intense, faite de défis physiques, d’embûches imprévues et parfois d’incivilités dangereuses, mais aussi d’une bonne dose d’émotions fortes ; le tout dans une ambiance jeune, amicale et pleine de fraîcheur - badum-tss. Le protagoniste livrera un retour d'expérience qui aura su inspirer une partie de sa communauté à revoir son mode de vie.

Malgré sa durée, le documentaire a rencontré un immense succès, tant sur internet qu'au cinéma. Il semble avoir réveillé la fibre aventurière d’une jeunesse habituellement plus rivée sur ses écrans que sur les sentiers pédestres. Pourtant, tout le monde n’est pas convaincu et le film a suscité de vifs débats. Certains détracteurs pointent du doigt l’empreinte environnementale du projet. Et c’est là que la technologie entre en jeu, car si les drones servent à filmer des panoramas époustouflants, ils viennent de devenir des alliés inattendus dans la protection et la dépollution du plus haut sommet du monde. Et on risque de voir les drones se mettre de plus en plus au service de la planète.

Lorsque le drone s'est imposé au cœur de l'Himalaya

Les drones de DJI ne sont pas nouveaux sur l’Everest. En 2022, la marque faisait déjà décoller un Mavic 3 pro depuis le sommet (histoire de tester ses performances...). Mais en avril 2024, DJI a franchi une nouvelle étape en réalisant la première livraison par drone à plus de 6 000 mètres d’altitude, avec leur dernier bijou technologique : le Flycart 30.

Lancé en début d’année 2024, le Flycart 30 est une véritable bête de course dans le monde des drones de livraison. Ce colosse, avec ses 16 hélices plus grandes que ton avant bras, peut transporter jusqu’à 40 kg de matériel dans un coffre de 70 litres ou via un treuil. Avec un signal qui lui permet de voler jusqu’à 20 km de distance, il peut affronter des températures allant de -20°C à 45°C et des rafales de 54 km/h. Autrement dit: les missions extrêmes, le Flycart 30 ça ne le fait pas cligner des hélices.

Et justement, DJI ne fait pas les choses à moitié, ainsi du 22 mars au 1er avril l'appareil est testé à son tour depuis le camp de base sud au pied de l'Everest. Pour cette performance, la marque s’est associée avec Airlift, une entreprise népalaise spécialisée dans les services par drones, et 8KRAW, une société de production vidéo. Ensemble, ils ont réalisé une prouesse : la première livraison par drone entre le camp de base sud et le camp 1. La mission ? Livrer jusqu'à 3 bouteilles d'oxygène à l’aller, puis retourner avec 15 kg de déchets au camp de base - presque la quantité de déchets laissée par deux alpinistes derrière eux.

Ce trajet est l'une des étapes les plus dangereuses de l'ascension, il implique de traverser la redoutable cascade de glace du Khumbu, un terrain particulièrement risqué où la glace progresse d'un mètre par jour, métamorphosant son paysage en permanence. En temps normal, il faut compter entre 6 et 8 heures de marche pour franchir les 700 mètres de dénivelé séparant les deux camps. Mais le drone, lui, a effectué le trajet en… six minutes. Oui oui, six minutes... De quoi donner une envie de pause café aux sherpas.

L’efficacité de cette essai a convaincu le gouvernement népalais d' adopter cette technologie immédiatement. Une société de services par drone sera engagée pour transporter du matériel entre les camps dès les 22 mai 2024.

Selon leurs calculs, un drone pourrait déplacer jusqu’à 234 kg en une heure, soit l’équivalent de la charge transportée par 14 sherpas en 6 heures. Imagine la scène : un drone faisant le travail de 14 personnes, en une heure, sans fatigue ni risque pour la vie des sherpas. C’est une révolution pour l’alpinisme, mais aussi pour les communautés locales, qui accueillent avec optimisme cette innovation.

La "plus haute poubelle du monde" en voie de nettoyage

Mais les drones ne se contentent pas de livrer du matériel, ils participent aussi activement à la dépollution de l’Everest. En effet, malgré les efforts des autorités népalaises, la montagne continue d'entasser les déchets. Chaque année, près de 60 000 visiteurs foulent l’Everest, et malgré une consigne de 4 000 dollars imposée à chaque personne qui tente l'ascension (remboursable à condition de redescendre au moins 8 kg de déchets), les détritus s’accumulent à une vitesse alarmante (en moyenne 8kg par personne).

Rien qu’au printemps 2024, le Sagarmatha Pollution Control Committee a rapporté avoir collecté 100 tonnes de déchets depuis l’Everest et le Lhotse, la montagne voisine. Ce chiffre vertigineux inclut des tentes abandonnées, des bouteilles d’oxygène usagées, et des emballages divers. Plus de 75 % de ces déchets proviennent du camp de base, là où les alpinistes passent le plus de temps à se préparer avant d’attaquer l’ascension finale, à plus de 5300m d'altitude.

Avec les drones comme le Flycart 30, une nouvelle ère s’ouvre pour la dépollution des plus hauts sommets du monde. Non seulement ces appareils permettent de transporter des charges lourdes et des provisions essentielles, mais ils offrent aussi une solution pratique et écologique pour évacuer les déchets accumulés. Plus besoin de risquer la vie des sherpas pour redescendre des tonnes de détritus, et surtout, cela se fait sans émission de gaz à effet de serre, contrairement aux hélicoptères.

Cette avancée technologique pourrait véritablement changer la donne sur l’Everest, également surnommé "la plus haute poubelle du monde". L’image est triste, mais elle reflète une réalité que les drones pourraient enfin transformer. Peut-être que d’ici quelques années, l’Everest pourra enfin se défaire de cette étiquette peu flatteuse.

Dans cette vidéo, découvre les coulisses de cette aventure et comment s'effectue une livraison par drone sur l'Everest (en anglais et mandarin).

Survole l'Everest en drone depuis le camp de base, et suis la voie des alpinistes jusqu'à son sommet, à bord d'un Mavic 3 pro.

Le début de la vidéo te donne un aperçu de l'itinéraire emprunté par le Flycart 30 lors de ses essais.

Découvre ou revois "Kaizen", le documentaire du Youtubeur Inoxtag qui a fait l'actualité et animé les débats.